Rencontre avec le réalisateur carolo Alexandre Jallali
Il est le réalisateur derrière Voyou, le court-métrage - sélectionné au festival danois d'Odense entre autres - qui nous entraîne dans les profondeurs de Charleroi. Rencontre avec le carolo Alexandre Jallali.
Tu as toujours été dans le cinéma ? J’ai toujours écrit. Depuis que je suis tout petit, je lis beaucoup. À un moment donné, j’ai mis tout ça de côté et la vie a fait que j’ai dû arrêter l’école pour bosser très jeune. J’ai rencontré Geoffrey Carpiaux dans un call center. Il prenait déjà des cours pour être acteur. Je me souviens que l'on se disputait sur les propos de certains films (rires). J’étais en pleine écriture d’un roman. Je désirais à l'époque filmer un court métrage, mais je n’avais pas les moyens. J'ai proposé à Wahib Neggli, un ami vidéaste pour le Sporting de Charleroi de filmer le film en une journée, en échange d’un sandwich. Il a accepté (rires).
Et l’histoire a commencé là ? Je me suis très vite rendu compte que j’avais un vrai profil de réalisateur. J’aime toutes les étapes dans la réalisation. Quand la boîte dans laquelle je bossais a fait faillite, j’ai suivi une formation d’introduction en documentaire à Bruxelles et des cours de technique pure (montage, cadrage,...) à la TechnocITé de Mons. Pendant cette formation, j’ai réalisé 6 projets en autodidacte. Cela m’a permis d’avoir une bonne base en technique : ingé son, monteur… de sorte que je puisse connaître toutes les étapes d’un film. J’ai ensuite cherché une boîte de prod. J’ai rencontré Pierre-Yves Le Cunff et nous nous sommes mis à bosser le scénario de « Voyou » pendant une année. J’ai reçu cette année une aide à l’écriture pour écrire mon premier long métrage avec Matching Socks Ventures (Pierre-Yves Le Cunff). Parallèlement, avec Geoffrey Carpiaux, nous avons décidé de lancer une formation d’acting afin de continuer de progresser et de partager notre passion.
Est-ce important que tes films se déroulent à Charleroi ? Oui car je suis carolo et que le potentiel filmique de la ville est énorme. Quand j’étais gosse, c’était mon terrain de jeu. Je traînais au milieu des terrains vagues. J’y retrouve l’ambiance de certaines villes anglaises du Nord, une ambiance qui me plait. Quand cela se met, c’est bien, mais je ne veux pas me faire le porte-parole de la ville non plus !
Dans quelle catégorie de film situes-tu ton travail ? Ma manière de travailler est très anglo-saxonne. Il y a des procédures très similaires. Je ne me situe pas dans le film d’auteur, même s’il y a 1000 définitions possibles du film d’auteur. J’ai toujours eu envie de réaliser des films pour le public. Je ne suis pas un intellectuel, je ne produis pas un film sociétal qui va donner une explication de la société ou une réponse. Je suis un raconteur ! J’appartiens davantage à la catégorie « film de genre », même si je suis un électron libre dans le cinéma.
Parles-nous des cours d’acting que tu donnes en duo avec Geoffrey à la Ruche Théâtre ? Geoffrey est une pointure en technique d’acting, des techniques qui sont totalement différentes que celles du théâtre. Nous les avons utilisées pour mon film « Voyou » avec l’acteur Marco Vaes qui n’avait à la base aucune formation d’acteur. C’est une belle expérience que d’enseigner ce que l’on connaît. On continue d’évoluer et cela permet de dénicher les talents également ! La formation se répartit en 8 modules d’un mois, elle est donnée en cours du soir de 18h à 22h30.
Un mot sur ton prochain film ? Le film portera sur les blessures transgénérationnelles, dans un contexte social de grève. Je continue d’écrire…
Tes adresses à Charleroi ? L’Irish Pub pour boire un verre et le cinéma du Quai 10 pour sa sélection pointue.
Cours d'acting à la Ruche Théâtre, plus d'infos ici
Film Voyou, plus d'infos ici
Photos_Elodie Grégoire