Charleroi vu par LAb[au]
Basé à Bruxelles, LAb[au] est un collectif composé des artistes Manuel Abendroth, Jérôme Decock et Els Vermang. Sa démarche consiste à s’interroger sur les relations entre art et langage, que ce soit par la sémantique (à l’aide de mots ou de toute autre forme de langage codé) ou la sémiotique (par le biais de signes). Quatre questions posées à Manuel Abendroth.
365 à Charleroi, ça donne quoi ? Le projet 365 se réfère aux 365 jours de l’année. Nous avons réalisé ce projet à l’issue de notre participation à un concours dans le cadre du festival Asphalte et au cours duquel nous devions proposer deux œuvres d’art qui s’inscrivaient dans l’espace public. Le concept est le suivant : chaque jour, deux afficheurs placardent un nouveau mot de façon complètement aléatoire. Le public peut découvrir la génération du mot qui sera visible pendant 24 heures. La requête du mot peut durer un certain temps. C’était une volonté d’afficher ce processus de requête afin de montrer qu’il n’y a pas d’écriture, de message spécifique, de narration de notre part. Nous voulions mettre en suspens un mot dans la ville, dans un certain contexte. Le public peut s’approprier ledit mot, le relire et réinterpréter la ville à sa manière. Le spectateur interprète, photographie, se prend en photo avec le mot. Nous pourrions appeler cela poésie concrète ou urbaine. Cette machine questionne, de façon apparemment aléatoire, nos habitudes, le boulot, métro, dodo, renouvelant ainsi la lecture de notre paysage post-industriel quotidien.
Charleroi hier, Charleroi aujourd’hui ? C’est une ville à caractère fort ! De par son passé industriel et urbanistique avec l’implantation d’un tel ring par exemple. C’est une ville en mutation, et c’est intéressant de voir comment cette ville se régénère, réinterprète son passé. Avec notre « petite » intervention, nous sommes heureux d’avoir également participé à cela.
Des mots à souligner? Je pense que l’on se souviendra tous du premier mot qui a été généré : « Mafiosos » ! Personne n’a cru que c’était une pure coïncidence, ce qui était pourtant le cas ! Ca a fait le buzz évidemment… Il y a eu des mots forts comme dictature, « mosquée », « autoband »,…Une cinquantaine de couples se sont photographiés devant « Cocotte »… Il y a eu le mot « grisaille » avec un ciel qui était …gris ! C’est un projet vivant, qui amène des lectures très personnelles et à plusieurs niveaux.
Vos adresses noires ? Des adresses très arty principalement avec Charleroi Danse, le Palais des Beaux-Arts et le Quai 10 pour boire un verre.