10 questions à Camille Danneels
Entre deux DJ sets exclusivement féminins, nous avons rencontré Camille Danneels, la nana souriante et bienveillante aux manettes de Yes, We Dance. Un concept qui fait bouger notre corps et bien plus encore.
1. Yes, We dance, c’est quoi ?
Camille Danneels : « Les Yes, We dance, ce sont des espaces de danse safe pour les femmes, où chacune peut explorer la danse et le mouvement de façon libre et décomplexée, dans un cadre particulier permettant de se sentir soutenue et en sécurité. A ce jour, les Yes, We Dance prennent la forme de soirées réservées aux femmes - et d'ateliers pour enfants. Toutefois, nous réfléchissons depuis un bon moment à élargir nos propositions à travers des soirées mixtes. Une idée que nous espérons pouvoir concrétiser courant 2022. Pour porter ce projet, j’ai la chance d’être soutenue par une dizaine de super femmes carolos ».
2. Concrètement, une soirée, ça se passe comment ?
C. D. : « En début de chacune de nos activités, nous soulignons notre souhait que celles-ci se déroulent dans le respect et le non-jugement (de soi et des autres) et demandons à chaque participante de s'y engager consciemment. Nous commençons et terminons nos moments de danse de façon collective à travers une mise en mouvement et un retour au calme, proposés par une personne qualifiée (art-thérapeute ou psychomotricienne relationnelle). Ni drogue, ni alcool ne sont consommés. La proposition musicale est adaptée à la facilitation de l'art-thérapeute ou de la psychomotricienne et à l'énergie du groupe. Une attention particulière est accordée aux messages transmis ».
3. Le message derrière ces activités : sororité ?
C. D. : « Sur base de mon propre vécu et des retours des autres femmes, je suis convaincue que le fait d'avoir accès à ces espaces a un effet transformateur sur chacune d'entre nous et, du coup, indirectement sur notre entourage. J'ai donc le souhait, l'espoir et la croyance, qu'à notre petite échelle, nous contribuons à créer une société (plus) joyeuse et vivante, au sein de laquelle chacun.e se sente libre de s'exprimer pleinement et soit soutenu.e dans l'expression de lui-même ».
4. D’où t’es venue l’idée de lancer ce type d’activité ?
C. D. : « J'ai toujours été passionnée par le corps, le mouvement, l'expression corporelle. Cela s’est traduit par une pratique sportive intense dès mon plus jeune âge. Plus tard, je me suis formée au massage thaï et à la thérapie par le toucher et j'ai commencé à explorer le mouvement de façon plus libre que de coutume dans les pratiques sportives à travers la danse libre et le yoga. C'est en prenant conscience de l'importance qu'avaient le mouvement et l'expression corporelle dans ma propre vie et du bienfait que ceux-ci me procuraient que j'ai eu envie de trouver une façon de partager cette expérience avec d'autres. Voilà comment est né le projet en 2016. A l’époque, il s’intitulait Teufs de Meufs et était le fruit d'une collaboration avec une amie, thérapeute par la danse. Les Teufs de Meufs avaient lieu mensuellement à Bruxelles et à Charleroi. Au fil des ans, nos visions se sont affinées et en même temps éloignées. Nous avons finalement scindé le projet et c'est ainsi qu'à Charleroi, en 2020, il est devenu Yes, We Dance ».
5. En parallèle, tu mixes aussi régulièrement pour des événements carolos. Sous le nom de DJane d’Argh ?
C. D. : « Tout à fait. J’ai mixé pour L’Eden, pour Composite, au Vecteur, à la Consoude… Je me suis découvert un énorme plaisir à faire des propositions musicales dans le cadre de Yes, We Dance et j'ai décidé de me former au DJing. Aujourd'hui, je combine donc le rôle d'organisatrice de soirées à celui de DJ. A Charleroi et au-delà. Cela me demande un temps et une énergie considérable mais j’adore ça ».
6. Parle-nous de ton histoire avec Charleroi ?
C. D. : « Je suis née et j'ai grandi à Bruxelles. Pendant et après mes études, j'ai beaucoup voyagé et déménagé, tant en Belgique qu'à l'étranger. Il y a un peu moins de 10 ans, j'ai rencontré un Carolo, qui est aujourd'hui le père de ma fille. Aimant l'aventure et l'inconnu, et n'ayant que très peu d'attaches à ce moment-là, je n'étais pas contraire à l'idée de déménager à Charleroi, ville encore inconnue pour moi. Je n'ai jamais regretté d'avoir pris cette décision. Charleroi s'est avéré être une très belle découverte. Aujourd'hui, ma fille me lie à cette cité mais je m'y suis également attachée et j'aime y vivre. »
7. Charleroi, tu y crois?
C. D. : « Oui, j'y crois. C'est une ville très humaine, chaleureuse et pleine de potentiel. Je m’y suis très vite sentie intégrée : les Carolos sont ouverts, accessibles et simples. Ils sont curieux, ont envie de découvrir et de faire découvrir. Charleroi, à mes yeux, c’est comme un grand village : les gens se connaissent, se parlent, il y a ces lieux et ces rendez-vous auxquels où l'on sait que l'on croisera « le tout Charleroi ». J'aime beaucoup cette chaleur humaine et ce vivre-ensemble qui, pour moi, sont vraiment propres à cette ville. Je vis à Marcinelle, tout près du bois de Loverval. A vélo, je suis donc aussi bien à 10 minutes de la ville que de la nature. Idéal en ce qui me concerne ! »
8. As-tu rencontré des barrières pour développer ton activité ? As-tu pu les lever ?
C. D. : « La barrière financière, le nerf de la guerre ! J'ai partiellement réussi à la lever en répondant à des appels à subsides auxquels j’ai reçu des réponses positives. Pour la deuxième année de suite, notre projet est soutenu par la Ville de Charleroi ; ce qui nous permet de mener nos activités à bien. Si nous décidons d'élargir nos propositions, il faudra réfléchir à de nouvelles façons de les financer. Autre difficulté rencontrée dans un premier temps : trouver un espace adapté à nos besoins multiples (espace spacieux, accueillant, chauffé, facile d'accès, pouvant accueillir des soirées sans risque de tapage nocturne et à prix démocratique). Aujourd’hui, nous avons développé un très chouette partenariat avec la Maison de Jeunes de Marcinelle qui nous soutient en mettant leur salle à notre disposition. »
9. Tes projets futurs ? Des dates à inscrire dans notre agenda ?
Oui ! Le samedi 19 mars, nous irons danser sur la Place Verte dans le cadre de Femmes de Mars, un mois d'activités à Charleroi autour de la Journée Internationale des Droits des Femmes. A travers cette action, nous souhaitons questionner la place de la femme dans l'espace public et se le réapproprier de façon joyeuse et légère. [Infos pratiques]
Le jeudi 24 mars, nous organisons une Yes, We Dance aux couleurs d'une soirée henné. Toujours dans le cadre de Femmes de mars, notre équipe s'associe à celle de Golden Rose Charleroi afin de proposer ce mix original et festif. [Infos pratiques]
Sinon, rendez-vous tous les quatrièmes jeudis du mois pour notre Yes, We Dance sous son format classique : trois heures d'expression libre à travers danse et mouvement, le tout encadré par une équipe bienveillante.
Et pour le reste, stay tuned ! De plus en plus de collaborations se dessinent. Je reçois régulièrement des demandes d'organiser des événements de danse pour des privés ou d'autres associations et j'adore ça. J'espère que notre proposition séduira lentement mais sûrement de plus en plus de monde.
10. Quels sont les lieux où te croiser à Charleroi ?
Le Livre ou Verre : cosy à souhait, le repère des copains/ines, patronne au top, programmation éclectique, bonne humeur et chaleur.
Charleroi Danse et le PBA : magnifiques salles et programmation de grande qualité.
Le Vecteur : plus spécifiquement, sa bibliothèque. Une vraie caverne d'Ali Baba pour tou.te.s celleux qui aiment la BD ainsi que la littérature traitant de l'art et de la politique.
Le bois de Loverval et le terril du Bois du Cazier : mmmm, aaaaah, tchip tchip tchip.
Notre Maison et La Quille : deux lieux emblématiques à l'image des Carolos. Chaleureux, agréables et simples.
Texte : Marie Hocepied.
Cet article a été réalisé avec le soutien de En Mieux.